Le rôle des artistes traditionnels ainsi que leurs idéaux de beauté et leur application dans les œuvres sont des thématiques centrales, mises en lumière depuis plusieurs décennies au Musée Rietberg.
Le petit chef-d’œuvre présenté ici – à l’origine un étrier de poulie de métier à tisser – est attribué au « Maître de Bouaflé », actif aux alentours de 1900 dans le centre de la Côte d’Ivoire. Ses masques et poulies qui se caractérisent par des yeux obliques en amande et un front élégamment bombé étaient déjà convoités sur le marché de l’art d’avant-garde à Paris dans les années 1920. L’étrier de poulie de métier à tisser de la collection du Musée Barbier-Mueller est maintenant exposé face à deux masques du même maître conservés au Musée Rietberg. Les sculpteurs gouro ont toujours veillé à ce que l’étrier, le cou et la petite tête composent une unité formelle et que les parties individuelles hétérogènes soient reliées entre elles pour créer un tout harmonieux. Leur tradition sculpturale, leur préférence pour des vues de profil et leur inclination pour de surprenantes inventions ont exercé une influence extrêmement favorable sur le façonnage de ces sculptures miniatures.
Lorenz Homberger, ancien conservateur du Musée Rietberg