Le musée Barbier-Mueller de Genève expose ses « Nudités insolites » : une sélection de pièces uniques de l’Antiquité au XXe siècle, et provenant d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et d’Amérique précolombienne.
Les visiteurs familiers des arts que l’on dit « primitifs » ne seraient pas surpris de voir des représentations d’hommes et de femmes dans le plus simple appareil. Pourtant, si l’on porte un regard plus attentif, la nudité ne nous laisse souvent pas indifférents : elle impressionne, elle choque parfois, fait sourire ou attire.
La sélection d’œuvres opérée pour cette exposition nous amène à nous questionner : la nudité est-elle un choix de l’artiste, du sculpteur ? Que symbolise un corps nu ? Qu’a voulu signifier son auteur en déformant ce corps, en le rendant beau, laid, simplifié, géométrique ou à l’inverse réaliste ?
À travers les siècles et les territoires, nous découvrons que la nudité rime tour à tour avec la maternité, la puissance et le pouvoir, la virilité, la vie et la mort, la sexualité… On la représente pour assurer la fécondité, protéger des forces du mal et dans la vie de l’au-delà, ou encore tout simplement pour se moquer et rire.
Ces objets trouvent une nouvelle fonction à travers notre regard. Leurs formes, leurs matériaux, leurs couleurs deviennent dans notre œil un art que l’on observe et admire. Cet art nous intrigue et nous fascine à la fois. Ici, le corps en violon d’une femme stylisée incisé dans une plaque de marbre des Cyclades nous apparait comme l’expression d’une beauté parfaite, celle d’une nudité simplifiée à l’extrême. Là, la proéminence des organes sexuels d’une statuette africaine en bois semble dérangeante.
Cette exposition, qui propose au visiteur une véritable expérience esthétique et intellectuelle, se poursuit par l’édition d’un catalogue. À la frontière avec un livre d’artiste, les poèmes de Marcelin Mboko seront mises en relation avec sa sélection de vingt œuvres des photographies de Pierre-Alain Ferrazzini et Diane Bouchet.