Une étrange silhouette surgit au loin, dans la poussière de la piste. Soudain, un corps élancé se dessine avec grâce sous le poids d’une jarre brune. Cet équilibre parfait, cette évidence, est l’un des plus beaux symboles de l’Afrique. Ce continent célèbre la terre, source de vie, depuis les temps immémoriaux et la célèbre encore. Combien de mythologies narrent la création divine du premier homme, modelé dans l’argile par le Démiurge ? Les mains humides des potières et des potiers apprivoisent à leur tour la terre, la transcendent en douceur. Alors naissent ces galbes, ces courbes, pérennisés par la chaleur des flammes. La terre cuite n’est pas uniquement synonyme de récipient, d’objet domestique. Souvent, le récipient se déguise et revêt des traits anthropomorphes. Les objets de terre cuite, récipients ou figures, accompagnent les hommes dans leur quotidien, mais aussi dans les rites de passages rythmant leur existence. Ce sont eux, enfin, qui établissent en qualité d’intermédiaires, le lien sacré entre le monde des vivants et celui de l’au-delà. Cette exposition inédite présente la céramique sous ses multiples facettes, au travers des cultures disparues depuis des millénaires mais aussi des traditions intimement liées à la poterie qui perdurent de nos jours. Cet héritage culturel, dont la force symbolique égale la beauté, offre tout à la fois un parcours historique et géographique de l’Afrique, une et multiple.
Fruit de recherches approfondies, le catalogue de l’exposition constitue une publication de référence, née de la collaboration de 24 spécialistes du continent africain. Cet ouvrage de 470 pages est riche de plus de 200 œuvres et abondamment illustré de documents de terrains. Il est déjà disponible à la librairie du musée en langue française et anglaise.