Mardi 15 septembre à 12h15.
Les barbes qu’arborent certaines œuvres de la collection Barbier-Mueller intriguent. En cela, elles ne dérogent pas à l‘une des raisons principales du port de la barbe : faire parler d’elle ou de son absence. Au XVIe siècle, lorsque les Européens rencontrent les autres peuples du monde, ils s’interrogent ainsi sur le glabre des Indiens d’Amérique, alors que la barbe renait véritablement sur les visages européens à la Renaissance, vers 1510-1520.
La présence ici et l’absence là de cette pilosité faciale vont au cours du XVIe siècle et plus encore au XVIIe ériger la barbe en critère de distinction raciale au profit de l’autorité, de la virilité et donc de la domination de l’homme blanc. La barbe n’est-elle pas du côté de la toute puissance déclare Arnolphe à Agnès dans L’École des femmes (1663)? Sauf que le vieux barbon énonce cette affirmation à un moment où la barbe est passée de mode au profit de la perruque. Elle devient alors le symbole du charlatan et de l’original.
La conférence explorera la signification que le port de la barbe ou le glabre ont pu avoir chez les Européens entre le XVe et XIXe siècle. Cette compréhension de leur imaginaire pileux permet de comprendre comment ils ont perçu les modes et les apparences des autres.
Jean-Marie Le Gall est professeur d’histoire moderne à l’université de Paris I (Panthéon-Sorbonne)
- Gratuit
- Places limités, réservation obligatoire : musée@barbier-mueller.ch, 022 312 02 72
- Port du masque exigé.