Dotées de pouvoirs magiques considérables, de telles œuvres étaient dévolues aux initiés de la société Iniet, chez les Tolai établis dans la péninsule de la Gazelle en Nouvelle-Bretagne, Papouasie-Nouvelle Guinée. Chaque nouvel initié dans la société en possédait une.
L’Iniet est une société secrète initiatique des Tolai dont les rites font appel à différentes formes d’art pour représenter les ancêtres et les esprits. Les enfants tolai de sexe masculin sont traditionnellement initiés dans la société Iniet pour devenir à leur tour initiateurs lorsqu’ils seront parvenus à l’âge adulte. Dans les premiers temps, le gouvernement colonial allemand et les différentes congrégations missionnaires se sont montrés très répressifs à l’égard des pratiques de cette société mais celles-ci ne s’en sont pas moins poursuivies dans la clandestinité et ont pu se perpétuer jusqu’à nos jours. Traditionnellement il existe deux grands types de rituels iniet, l’un positif, porteur de bonheur et de chance, et l’autre négatif, porteur de maladie et de mort.
Dans des contextes cérémoniels très variés, la société Iniet utilisait toute une série de figures anthropomorphes en bois, des figures grotesques mi-homme, mi-animal en bois, des planches sculptées ou peintes représentant les esprits du mal ainsi que des pierres sculptées et parfois peintes (comme ici), et des figures kulap en craie.
L’usage des figures en pierre et en craie est attesté jusqu’au XIXe siècle. Leur distribution géographique inclut les régions de peuplement tolai de la péninsule de la Gazelle, des îles du duc d’York, de Mioko et du sud de la Nouvelle-Irlande.
Ici le personnage a les bras levés, tendus, et découvre la paume de ses mains. Les esprits iniet, sculptés ou peints, sont souvent représentés dans cette attitude, notamment sur les bâtons de danse que portent les jeunes initiés et sur lesquels figure l’image de différentes entités spirituelles.
D’après George A. Corbin, « La Nouvelle-Bretagne orientale, les peuples baining, sulka et tolai » in Arts des Mers du Sud, Insulinde, Mélanésie, Polynésie, Micronésie, Collections du musée Barbier-Mueller, 1998, pp. 256-267.