Le musée Barbier-Mueller a proposé à l’artiste suisse Silvia Bächli d’assumer le commissariat de l’exposition. Elle conçoit cette expérience comme un jeu créatif en collaboration avec l’équipe du musée.
Marquée dans sa jeunesse par ses visites au Museum der Kulturen de Bâle et au Musée de l’Homme à Paris, où les objets s’entassaient en nombre dans les vitrines, elle a imaginé reconstituer, au rez-de-chaussée du musée, la « réserve » de Josef Mueller, caractérisée par une accumulation de pièces dans des caisses se superposant du sol au plafond. Elle décrit ainsi ce qui l’a jadis fascinée au Musée de l’Homme à Paris : « L’inconnu, l’étranger, la présence des masques et des statues et l’amas d’objets dans les vitrines. Cet amas, que je découvrais de mes propres yeux, restait sans explications – il y avait bien sûr de petits cartels en français mais je ne les comprenais pas à l’époque. La fonction ou la finalité des objets me demeuraient inconnues ou étaient laissées aux soins de mon imagination. Les objets étaient simplement là, calmes et intenses. Je ne savais rien sur eux. Ils étaient étrangers, autres, mais ils pouvaient parler, sans mot, par leur présence. Cette présence, je la recherche inlassablement dans mes dessins. Il s’agit de la même lumière intérieure, très difficile à décrire. Peut-être se laissera-t-elle apercevoir dans la confrontation des statues et masques de la collection Barbier-Mueller et de mes dessins ».
L’artiste fait ainsi dialoguer seize gouaches sur papier de sa main avec une soixantaine d’objets qu’elle a choisis dans les réserves du musée Barbier-Mueller. Les formes claires, simples et épurées de ces masques, statuettes, vases et boucliers, qui répondent à ses œuvres, l’ont interpellée.
Cette rencontre esthétique se veut le support d’une réflexion sur la forme mais aussi le statut et la fonction attribués aux œuvres ou aux objets d’art, qu’ils soient arts « lointains » ou « proches », dès lors qu’ils sont collectionnés et exposés dans un musée.