Ce masque facial du Sri Lanka déformé par un « rictus dramatique » a été choisi par notre Musée car il m’a immédiatement fait penser aux « gueules cassées » de la Première Guerre mondiale, il y a cent ans, à leurs visages complètement ravagés par la mécanisation industrielle de la guerre, à leur air rendu hagard tant par la souffrance physique que par celle, psychologique, qui leur fut infligée. L’horreur de ce qu’ils avaient vu, enduré ou perpétré et le traumatisme qui s’ensuivit les a transformés et marqués à jamais.
Au-delà de cette première réminiscence visuelle, ce masque pourrait symboliser toutes les douleurs que l’homme inflige à ses semblables dans une litanie dont on ne sait où elle a commencé et que l’on ne voit pas finir. En réalité, il est utilisé dans des rituels d’exorcisme pour combattre certaines maladies.
Peut-on combattre la guerre ? Pourra-t-on l’éradiquer un jour en reconnaissant qu’elle n’a jamais permis de rien résoudre ? Ne reste-t-il que l’exorcisme ?
Roger Mayou, directeur du Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge