La Nouvelle-Guinée, terre pudique et sombre n’a offert ses rivages qu’à peu d’explorateurs téméraires aux temps de la découverte des Mers du Sud. Elle n’a pas non plus accueilli sereinement les missionnaires avides de conversions. Désormais domptée par ce que l’Occident nomme « modernité », la plus vaste des îles mélanésiennes ne s’est pas encore pleinement livrée et n’a pas dévoilé tous ses mystères.
Au fil de cette exposition, les oeuvres choisies par le collectionneur sont admirées pour leur caractère unique mais aussi leurs prestigieuses provenances. Un important catalogue, conçu comme une initiation aux arabesques et métaphores de l’art néo-guinéen, accompagne cet événement. Quelque deux cents pièces de la collection, des sculptures en bois mais aussi des pièces d’écaille de tortue, de vannerie, de tapa et de pierre, scandent cet ouvrage, témoin du savoir-faire inouï des natifs de Nouvelle-Guinée.
Terre des couscous, onde des crocodiles, ciel des paradisiers, la Nouvelle-Guinée oscille entre monts aux sommets brumeux et fleuves aux mille détours. Un dialogue perpétuel s’est noué entre cette Nature généreuse et les hommes qui peuplent l’île aux innombrables langages. Cette extraordinaire diversité linguistique qui ferait presque de chaque village un univers à lui seul définit parfaitement la singulière complexité de la Nouvelle-Guinée. L ’art en est le témoin. L’expression d’un culte voué aux esprits de la nature, aux ancêtres vénérés, se lit sur le bois sculpté par les hommes. Outils, armes, insignes de rang, figures de culte, chaque création porte la marque d’un artiste, d’un clan, d’un peuple. Comment évoquer d’un seul trait l’art de la Nouvelle-Guinée ? Peut-être en soulignant l’austère puissance qu’il dégage, cette troublante fascination qu’il exerce sur quiconque l’observe.